Pauvreté : le grand écart européen
17 % des Européens sont pauvres, c'est à dire 85 millions d'habitants du Vieux Continent.
Pauvreté : le grand écart européen
17 % des Européens sont pauvres, c’est à dire 85 millions d’habitants du Vieux Continent.
85 millions d’Européens sont pauvres à l’aune de l’indicateur le plus courant, qui fixe le seuil de pauvreté à 60 % du revenu médian. Cela représente 17 % de la population du Vieux Continent. Mais les variations sont fortes entre pays et, plus généralement, entre une Europe du Nord et de l’Ouest assez protectrice d’un côté et une Europe de l’Est et du Sud beaucoup plus marquée par les difficultés de l’autre.
Dans chacun de ces groupes, des pays peuvent présenter des taux de pauvreté similaires, tout en ayant des conditions de vie tout à fait dissemblables. Ainsi, « si une proportion similaire de Hongrois et d’Autrichiens disposent d’un niveau de vie inférieur a 60 % de la médiane de leur pays, le niveau de vie médian est trois fois plus faible en Hongrie, traduisant une aisance financière bien moindre dans ce pays », note l’Insee .
Dans une récente étude , les statisticiens Julien Blasco et François Gleizes ont dressé un état des lieux de la pauvreté en Europe sur la base d’un autre indicateur : la « privation matérielle et sociale ». Sont alors considérées comme pauvres les personnes « incapables de couvrir les dépenses liées à au moins cinq éléments de la vie courante sur treize considérés comme souhaitables, voire nécessaires, pour avoir un niveau de vie acceptable » : difficultés de paiement de loyer, impossibilité de se payer une semaine de vacances hors domicile, une voiture personnelle ou des vêtements neufs, restrictions de chauffage…
Cet indicateur modifie le visage de la pauvreté en Europe, qui prend un tour beaucoup plus contrasté. Son taux varie en effet, selon les pays, de 3 % (Suède) à 50 % (Roumanie). On retrouve cependant le clivage de l’Union en deux, avec un taux de privation matérielle et sociale deux fois inférieur en Europe du Nord et de l’Ouest (10,7 %) à celui de l’Europe du Sud et de l’Est (21,3 %).
La situation de la France est également moins favorable selon ce prisme. Alors qu’elle affiche un des plus faibles taux de pauvreté monétaire de l’Union Européenne, elle occupe une position médiane en termes de privation matérielle et sociale, proche du Royaume-Uni et assez éloignée des pays nordiques, où la proportion d’habitants cumulant ces difficultés sont extrêmement faibles.
Julien Blasco et François Gleizes montrent enfin que, plus encore que la pauvreté monétaire, la privation matérielle est fortement corrélée à l’insatisfaction dans la vie.
Là encore, les contrastes sont saisissants entre des scandinaves exprimant peu d’insatisfactions et des habitants de l’Est nettement plus moroses, la France occupant avec l’Allemagne ou le Royaume-Uni une position médiane dans ce classement du bien-être subjectif et matériel européen.