Les taux de suicide et d’homicide en baisse dans l’UE
Au cours des dix dernières années, le nombre d'homicides et de suicides a nettement diminué au sein de l’Union européenne. Tandis que la situation demeure préoccupante dans certains pays du nord de l'Europe, on constate beaucoup moins de morts violentes (pour 100 000 habitants) dans ceux du sud.
Les taux de suicide et d’homicide en baisse dans l’UE
Au cours des dix dernières années, le nombre d’homicides et de suicides a nettement diminué au sein de l’Union européenne. Tandis que la situation demeure préoccupante dans certains pays du nord de l’Europe, on constate beaucoup moins de morts violentes (pour 100 000 habitants) dans ceux du sud.
Entre 2009 et 2017, le nombre d’homicides a continuellement baissé dans l’ensemble de l’Union européenne (UE). Les dernières données datant de 2018, la Royaume-Uni figure toujours sur la liste des États membres de l’UE. Si tel n’était pas le cas, la situation d’ensemble serait encore meilleure.
De moins en moins d’homicides
Le nombre d’homicides volontaires a baissé dans 25 des 28 États membres et augmenté dans les trois Etats restant. Parmi ceux-ci, Malte a connu quatre homicides en 2009 et six en 2018. Le pic a été atteint en 2017, avec sept homicides volontaires. À une échelle beaucoup plus large, la tendance britannique a suivi une trajectoire similaire : 708 meurtres en 2009, 787 en 2017 et 754 en 2018. La Suède se positionne juste après le Royaume-Uni : on dénombrait 93 meurtres en 2009, 113 en 2017 et 108 en 2018. Dans 25 pays de l’UE, la situation s’est nettement améliorée – nous y reviendrons plus bas.
Examinons tout d’abord les données qui concernent la Hongrie, pays où le nombre d’homicides a également diminué de façon considérable. Selon les données d’Eurostat, 139 meurtres ont été signalés en Hongrie en 2009, 85 seulement en 2017 et 83 en 2018. Les données agrégées de la police hongroise pour les mêmes années révèlent une tendance similaire, bien que les chiffres diffèrent : 158 homicides volontaires en 2009, 104 en 2017 et 88 un an plus tard (les raisons qui sont probablement à même d’expliquer cet écart seront présentées par la suite).
Dans l’ensemble, les homicides ont considérablement diminué dans l’UE, avec 6 100 cas enregistrés en 2009, contre 4 747 en 2018.
Danger dans les pays baltes
Ces statistiques ne sont pas si surprenantes. Les plus grands pays enregistrent plus d’homicides que des États comme le Luxembourg ou Malte, où l’on recense un meurtre tous les 2 à 4 mois la plupart du temps. Pourtant, l’Allemagne, c’est-à-dire l’État le plus peuplé de l’UE avec ses 83 millions d’habitants, n’est pas celui qui compte le taux d’homicide le plus élevé : 632 homicides y ont été commis en 2018, contre 779 en France (67 millions d’habitants).
Pour faciliter la compréhension de ces chiffres, nous utiliserons un taux d’homicide pour 100 000 personnes. Cette solution offre une image plus réaliste de la fréquence des homicides et montre clairement que les plus grands États membres ne sont pas les plus dangereux. Ainsi, les États baltes arrivent en tête du classement, suivis d’un quatrième pays du nord, la Finlande. La diminution impressionnante du nombre d’homicides en Lituanie au cours de la décennie écoulée a impliqué une évolution de la liste des pays les plus touchés par ce phénomène.
Le taux d’homicide en baisse au niveau de l’UE se reflète également dans la moyenne des 28 États membres : 1,78 homicide pour 100 000 habitants en 2009 contre 1,23 en 2018. Dans dix États membres, ce résultat est identique ou supérieur à celui de la période précédente, tandis que dans d’autres, il est inférieur. Parmi ces derniers se trouve la Hongrie, qui arrive à la dix-septième place, entre l’Irlande et l’Autriche, avec une moyenne de 0,85 homicide pour 100 000 habitants. La Slovénie est – de nouveau – le pays de l’UE qui compte le plus faible nombre d’homicides par habitant.
Quand les données se contredisent
En analysant ces données, il est nécessaire de mentionner la contradiction qui, à première vue, apparaît entre les chiffres des relevés hongrois officiels et ceux de l’UE, également communiqués par les autorités hongroises. Un débat sérieux portant sur cette question a éclaté en Hongrie en 2019. En effet, les données d’Eurostat de 2015-2016 brossaient un tableau du pays nettement plus sombre que les données hongroises.
En réaction, l’Institut national de Criminologie (OKRI) publia une déclaration apportant l’explication suivante : « Pour les années 2015 et 2016, outre les homicides volontaires, Eurostat a également pris en compte les tentatives d’homicides. Inversement, au cours des années précédentes, seuls les homicides intentionnels ont été comptabilisés. Pour être à même de comprendre l’évolution du nombre d’homicides commis en Hongrie en fonction des années, en prenant en compte la période 2015-2016, il est donc nécessaire de ne retenir que le nombre d’homicides intentionnels effectivement commis au cours de ces deux années. On en dénombre 99 en 2015 et 101 en 2016, ce qui signifie que le taux d’homicide gravitait alors déjà autour de 1 pour 100 000 habitants ».
La déclaration a également souligné qu’Eurostat avait introduit un nouveau format de données après 2016. Le principe de fonctionnement en est le suivant : les données pénales sont collectées par les États membres sur la base de leur législation nationale, puis intégrées dans un système normalisé permettant de comparer les chiffres entre eux. Selon l’OKRI : « le nouveau système a créé des catégories de crimes et les États membres sont responsables de cette catégorisation. Étant donné que les codes pénaux diffèrent d’un État membre à l’autre, les infractions individuelles ne correspondent pas toujours exactement aux catégories proposées. »
Besoin de données ? Trouvez-les vous-mêmes !
Le journal hongrois Qubit.hu a tenté de retracer l’origine de ces chiffres en demandant des données d’intérêt public – les données précédemment utilisées qui ne proviennent pas d’Eurostat incluent les chiffres en question. Cependant, il reste des zones d’ombre.
Tout d’abord, la police nationale hongroise (ORFK) affirme que les données ne lui sont accessibles que depuis 2009. Les données antérieures sont gérées par deux départements administratifs hongrois, dont le Département de Coordination du ministère de l’Intérieur. Or, cette dernière instance déclare ne pas disposer des informations en question, ce qui est plutôt curieux.
De plus, pour compliquer davantage la situation, ces données sont, bien sûr, publiques et accessibles à tous, à partir du système de statistiques criminelles EBNyR, sur lequel il est possible d’effectuer des recherches concernant la période allant de 2013 au 31 juin 2018. Puisqu’il manque les données de 2009 et que celles de 2018 ne couvrent que la moitié de l’année, ce sont les données de 2017 qui ont été comparées avec les chiffres fournis par Eurostat et l’ORFK.
Ainsi, en 2017, Eurostat enregistre 85 homicides en Hongrie, tandis que les autorités hongroises en signalent 104 à la presse et que les statistiques de la criminalité en recensent 178. Ce dernier chiffre peut s’expliquer par le fait que le droit pénal hongrois punit de la même manière l’homicide et la tentative de meurtre, la préméditation répondant à la définition légale de l’homicide.
On peut donc soutenir que chaque ensemble de données, tel qu’interprété par différents systèmes, correspond à la réalité, même si, à la question relativement simple du nombre d’homicides survenus dans le pays au cours d’une année donnée, il manque encore des éléments de réponse. Une telle situation semble à nouveau nécessiter la formulation d’une demande de données d’intérêt public.
Une question de climat ?
Intéressons-nous à présent aux taux de suicide dans l’UE. Une croyance de longue date, largement répandue en Hongrie, veut que notre pays affiche un taux de suicide parmi les plus élevés de l’UE. Heureusement, c’est loin d’être la vérité. En Hongrie, le nombre de suicides est néanmoins plus élevé que le nombre d’homicides. Si l’on s’intéresse au nombre de suicides pour 100 000 habitants, la Hongrie (5,48) est en réalité proche de la moyenne européennes (5,5) : 13 des 28 Etats membres affichent un résultat plus élevé que le sien.
Pour illustrer les tendances potentielles, il est intéressant de comparer les données d’Eurostat de 2011 avec celles de 2017 – pour le Luxembourg et Chypre, les chiffres de 2012 sont utilisés à la place de ceux de 2011 ; dans le cas de la France, les données les plus récentes datent de 2016. Les tendances observées à travers l’Europe sont similaires à celles observées pour les homicides, avec 0,7 cas en moins pour 100 000 habitants.
Le pays affichant le résultat le plus élevé est à nouveau un État balte : la Lituanie. Cependant, la suprématie des États du nord n’est plus aussi claire, le taux de suicide étant également relativement haut en République tchèque et à Malte. Pourtant, il est clair qu’une proportion plus élevée de personnes décide de mettre fin à ses jours en Europe du nord que dans les États plus ensoleillés : les pays méditerranéens occupent les cinq dernières places du classement.