Les salaires minimum augmentent mais les écarts restent importants au sein de l’UE
Le débat sur la nécessité de mettre en place un salaire minimum au sein de l’Union européenne se heurte aux disparités qui existent entre les pays membres sur cette rémunération.
Les salaires minimum augmentent mais les écarts restent importants au sein de l’UE
Le débat sur la nécessité de mettre en place un salaire minimum au sein de l’Union européenne se heurte aux disparités qui existent entre les pays membres sur cette rémunération.
En septembre 2017, un débat intense s’est déroulé au Parlement européen sur la nécessité d’instaurer un salaire minimum à l’échelle communautaire.
Ce projet suscite la polémique entre les entreprises, les syndicats et les responsables politiques. La Confédération européenne des syndicats (ETUC) avait lancé, en février 2017, une campagne en faveur de l’augmentation du salaire minimum à l’échelle européenne. La voie proposée consistait à introduire un salaire minimum d’un montant équivalent à 60% du salaire médian en Europe, via une résolution sur le dumping social. La commissaire européenne aux Affaires sociales, Marianne Thyssen, a quant à elle proposé que chacun des pays de l’UE fixe un salaire minimum plutôt que d’en établir un au niveau communautaire (actuellement, l’Autriche, Chypre, le Danemark, la Finlande, l’Italie et la Suède n’ont pas de salaire minimum).
Au-delà du débat purement politique, l’amélioration de la conjoncture économique entraîne une augmentation continue des salaires minimum dans les pays de l’UE. Une étude réalisée par Eurofound constate que la croissance du salaire horaire moyen s’est accélérée ces dernières années, à mesure que les économies sortaient de la crise.
Les pays de l’UE qui enregistrent les augmentations les plus conséquentes du salaire moyen sont les pays de l’Est, qui affichaient des salaires minimum – en général inférieurs à 500 € – plus faibles que dans le reste des pays membres.
La Bulgarie et la Roumanie ont ainsi le salaire minimum mensuel le plus bas de l’UE: respectivement 235 et 322 €. Ces deux pays ont connu la plus forte hausse de leur salaire minimum, jusqu’à 38% en Roumanie par exemple. Mais de grandes disparités persistent entre les Etats membres de l’UE, et la plupart des nouveaux Etats membres appliquent des niveaux de salaire minimum substantiellement plus faibles (moins de 500 € par mois) que les pays de l’UE-15. Par contraste, dans la plupart de ces derniers, les salaires minimum dépassent les 1000 € mensuels. Au Luxembourg où cette rémunération est la plus élevée (1999 € par mois), le salaire minimum est 8,5 fois supérieur à celui de la Bulgarie. Au sein de l’Europe des Quinze, c’est l’Espagne qui a le plus augmenté son salaire minimum (jusqu’à 8%).
Les augmentations réelles du salaire minimum
Sur une échelle de temps plus large, les évolutions du salaire minimum légal doivent être étudiées à l’aune de l’évolution des prix. De 2010 à 2017, la Bulgarie, la Roumanie, la Hongrie et l’Estonie continuent d’enregistrer les hausses les plus conséquentes de salaire minimum, de l’ordre de 23% en Estonie et de 84% en Bulgarie. Néanmoins, le taux réel de cette évolution est nettement plus faible que son taux nominal. Dans l’Europe des Quinze, le Luxembourg affiche l’augmentation la plus importante en termes réels – près de 5%. En revanche, dans quatre autres pays, les salaires minimum ont diminué en termes réels : aux Pays-Bas (de 0,7%), à Malte (-1,4%), en Belgique (-4,3%) et en Grèce (-24%). De façon générale, au sein de l’UE, le salaire minimum réel progresse plus lentement dans l’Europe des Quinze que dans les nouveaux Etats membres, ce qui augure, à moyen terme, d’une convergence entre les deux groupes.