Le travail des journalistes européens est de plus en plus entravé
Le classement mondial de la liberté de la presse de 2019 de Reporters sans frontières (RSF) montre que les conditions de travail des journalistes se détériorent d’année en année. Et la mort de quatre journalistes en deux ans et demi devrait être une sonnette d’alarme pour ceux qui se préoccupent de la démocratie et de la liberté de la presse.
Le travail des journalistes européens est de plus en plus entravé
Le classement mondial de la liberté de la presse de 2019 de Reporters sans frontières (RSF) montre que les conditions de travail des journalistes se détériorent d’année en année. Et la mort de quatre journalistes en deux ans et demi devrait être une sonnette d’alarme pour ceux qui se préoccupent de la démocratie et de la liberté de la presse.
La haine envers les journalistes a dégénéré en violence et a contribué à augmenter le sentiment d’insécurité des journalistes dans le monde entier, notamment en Europe, comme le montre le classement mondial de la liberté de la presse de 2019 de Reporters sans frontières (RSF) . Alors que la liberté de la presse recule avec l’essor des gouvernements autoritaires, RSF se pose donc la question suivante : « Un garde-fou a-t-il cédé en Europe ? »
Le classement concerne 180 pays et évalue le respect de la liberté de la presse à travers une série d’indicateurs permettant d’établir un indice global montrant les niveaux croissants de violations et d’entraves à leur travail. Une carte interactive indique les pays qui sont jugés « sûrs » pour les journalistes (c’est-à-dire, les pays où ils peuvent exercer leur métier en toute sécurité).
Selon le rapport, le nombre de pays où les journalistes sont en sécurité est en baisse depuis 2013. L’UE et les Balkans ont enregistré les plus fortes détériorations (1,7 %) au niveau régional. Parmi les 40 pays représentés, vingt ont enregistré un score plus faible ou égal.
Le rapport affirme : « Si l’Europe demeure le continent qui garantit le mieux la liberté de la presse et qui est en principe le plus sûr, les journalistes y sont tout de même exposés à des menaces sérieuses. » Par exemple, à Malte, en Slovénie et en Bulgarie, trois journalistes ont trouvé la mort. Mais d’autres cas sont troublants, comme la Serbie, l’Italie, la France, la Hongrie et la Pologne. En Serbie, la maison d’un reporter a été incendiée. En Italie, le ministre de l’intérieur et chef de la Ligue Matteo Salvini a proposé de retirer la protection policière au journaliste Roberto Saviano après sa critique du gouvernement. En France, les journalistes ont été exposés à une violence sans précédent pendant les manifestations des gilets jaunes. En Hongrie, les représentants du parti Fidesz du premier ministre Viktor Orbán refusent de parler aux journalistes hostiles à sa politique. En Pologne, les médias détenus par l’Etat sont devenus un outil de propagande.
« Nous constatons une nette détérioration de la situation depuis quelques années. Le pluralisme des médias et la liberté de la presse sont en train de reculer en Europe », a déclaré Julie Majerczak, représentante de RSF UE. « Les dirigeants politiques ne perçoivent plus les médias comme un outil essentiel de la démocratie mais plutôt comme un adversaire qu’ils n’hésitent pas à attaquer et cette tendance est très inquiétante ».
La journaliste nord-irlandaise Lyra McKee a été assassinée le 18 avril dernier dans l’exercice de ses fonctions. McKee était âgée de 29 ans quand elle a été tuée d’une balle dans la tête, le jeudi 18 avril en fin de journée, lors des affrontements entre des dissidents républicains et la police dans le complexe résidentiel de Creggan, situé à Derry, deuxième plus grande ville d’Irlande du Nord. La nouvelle armée républicaine irlandaise (IRA) a avoué être à l’origine du meurtre et a présenté « ses plus plates et sincères excuses » à la famille et aux amis de la victime. Même si le groupe ne l’a pas visée en sa qualité de journaliste, de meilleures mesures de sécurité doivent être prises.
En prévision des élection européennes de mai, RSF a proposé dix mesures pour permettre au prochain Parlement européen de faire de l’information libre et indépendante une priorité pour les cinq ans à venir. Ces mesures incluent la nomination d’un commissaire européen de la liberté, de l’indépendance et du pluralisme de l’information ainsi que des traités européens permettant de renforcer la liberté de la presse.
Majerczak a ajouté : « Je suis plus inquiète qu’optimiste mais j’espère me tromper. »