Formation : le plafond de verre des entreprises françaises
La Lettonie, la Norvège, la Belgique et le Luxembourg sont les pays européens dont l’effort en faveur de la formation continue est le plus élevé. La France affiche des indicateurs au-dessus de la moyenne européenne mais qui ont tendance à stagner.
Formation : le plafond de verre des entreprises françaises
La Lettonie, la Norvège, la Belgique et le Luxembourg sont les pays européens dont l’effort en faveur de la formation continue est le plus élevé. La France affiche des indicateurs au-dessus de la moyenne européenne mais qui ont tendance à stagner.
Alors que l’effort de formation continue des entreprises augmente en Europe depuis 2005, celui-ci reste en France à un niveau relativement élevé mais stable. Telles sont les conclusions du bulletin de recherches emploi formation (Bref) du Céreq intitulé « Regards comparatifs sur la formation en Europe : un plafond de verre du côté des entreprises françaises ».
Les autrices rappellent que la formation continue des salariés est un « enjeu majeur de l’économie de la connaissance ». Un règlement européen impose donc une collecte de données auprès des entreprises tous les cinq ans, selon des indicateurs comparables entre les Etats membres (qui intègrent l’apprentissage).
L’analyse des trois dernières enquêtes révèle qu’en 2015, 73 % des entreprises des 28 membres de l’Union européenne ont organisé des formations pour au moins une personne parmi leur personnel contre seulement 60 % en 2005. La part la plus élevée d’entreprises formatrices se trouve en Lettonie et en Norvège (99 %) et la moins élevée en Grèce (22 %).
La Belgique et le Luxembourg se distinguent
La Belgique et le Luxembourg se distinguent aussi par une forte implication de leurs entreprises dans la formation, puisque la part des salariés formés y est la plus importante en Europe avec respectivement 54 % et 62 % pour un nombre d’heures moyen de cours et de stages également le plus élevé, avec plus de 35 heures par participant. C’est également dans ces pays que les écarts entre petites et grandes entreprises sont le moins marqués.
Globalement, l’effort de formation augmente, en particulier grâce aux formations en situation de travail. Ainsi, en 2005, 33 % des entreprises européennes en moyenne avaient eu recours à des formations en situation de travail contre 44 % en 2015. Le Danemark, l’Allemagne et l’Autriche se distinguent par une attention portée depuis longtemps à l’acquisition de connaissances pratiques. Par ailleurs, au Portugal, les entreprises ont été soutenues dans leur effort par une réforme de 2005 instaurant une obligation de formation de 35 heures par an par salarié.
Stagnation française
En 2005, les entreprises françaises étaient parmi celles qui en Europe s’impliquaient le plus dans la formation de leurs personnels. Cette implication n’a cessé de croître depuis la loi de 1971 sur la formation pour se stabiliser au début des années 1990.
Aujourd’hui, si la France se situe dans le haut de la fourchette en Europe avec 79 % d’entreprises formatrices, ce chiffre n’a pas beaucoup progressé depuis 2005 où il était de 74 %. Quant à la part des salariés qui suivent au moins une formation chaque année, elle demeure autour de 50 %. De même le nombre d’heures de formation par salariés a légèrement fléchi, passant de 12,8 heures en 2005 à 12,4 heures en 2015.
Les entreprises françaises sont généralement impliquées dans la formation des salariés à travers l’organisation de cours et de stages. Le recours aux autres types de formation (conférences, séminaires, rotation des postes, formation en situation de travail) est en revanche plus faible que dans d’autres pays européens. On observe aussi qu’elles forment moins quand la conjoncture se dégrade, en particulier les petites entreprises.
Face à cela, la loi « avenir professionnel » de 2018 a certes élargi les modalités d’accès aux formations, en y intégrant notamment les actions de formation en situation de travail. Mais les aides aux entreprises de plus de 50 salariées ont été malheureusement réduites. Or, il s’agit d’un enjeu essentiel en cette période de bouleversements économiques, accélérés par la crise sanitaire.