En Europe, la voiture électrique passe la seconde
Un rapport de l’ONG Transport et Environnement promet une multiplication par six de la production de voitures électriques en Europe d’ici 2025, mais le secteur reste largement sous domination chinoise.
En Europe, la voiture électrique passe la seconde
Un rapport de l’ONG Transport et Environnement promet une multiplication par six de la production de voitures électriques en Europe d’ici 2025, mais le secteur reste largement sous domination chinoise.
L’Europe roulera-t-elle électrique demain ? Un rapport de l’ONG Transport et Environnement promet en tout cas une explosion de la production de véhicules électriques dans les années à venir sur le Vieux Continent. Terrain sur lequel, il est en retard, surtout par rapport au géant chinois.
Selon les calculs de l’ONG, la production devrait être multipliée par six pour atteindre 4 millions de véhicules électriques ou hybrides rechargeables en 2025. Alors qu’ils ne comptent actuellement que pour 4 % de la production continentale, les véhicules électriques représenterait alors 13 % en 2025 et 9 % pour les hybrides rechargeables, soit près d’un quart de la production.
Une opportunité pour l’industrie européenne
Le rapport témoigne de l’investissement des constructeurs européens, poussés par l’évolution de la réglementation. Selon l’agence Reuters , ils ont d’ores et déjà prévu de consacrer dans les prochaines années plus de 145 milliards d’euros à l’électrification des voitures. Cela permettrait de faire passer le nombre de modèles électriques de 60 actuellement à 333 en 2025. Une chance pour l’industrie, avec notamment la création de 250 000 emplois directs et indirects dans la chaîne de valeur de la batterie. Les constructeurs ne sont pas tous engagés au même niveau dans ce créneau. Selon les projets en cours, le segment de la voiture électrique devrait être dominé par Volkswagen, PSA, l’alliance Renault-Nissan et le groupe Daimler (Mercedes).
Ces véhicules produits dans les usines européennes vont-ils pour autant se retrouver sur les routes du continent ? Oui, répond le rapport. Car la voiture électrique nécessite des infrastructures spécifiques, comme un réseau de rechargement, que tous les pays ne possèdent pas, en particulier les pays les moins développés. Ces sites européens ne nourriront pas non plus le premier marché au monde, la Chine, car les constructeurs étrangers sont contraints, pour s’y installer, de créer des co-entreprises avec des acteurs locaux pour y produire et y vendre.
En attendant que ces investissements portent leurs fruits, les ventes de voitures électriques en Europe ne semblent pas décoller, et restent à la traîne du géant chinois. Dans le monde, plus d’une voiture électrique sur deux roule en Chine. Le stock du pays a d’ailleurs presque doublé entre 2017 et 2018.
La Chine à l’offensive
Cette domination n’est pas le fait du hasard. Le géant asiatique a mené une politique très offensive et volontariste : aide directe à l’achat, quota d’immatriculation réservé aux véhicules électriques, électrification des flottes publiques ou parapubliques… Cette stratégie a conduit à l’émergence d’une filière industrielle du véhicule électrique, dont le coeur repose sur les batteries. Possédant les métaux rares nécessaires à leur fabrication, la Chine contrôle plus de 60 % du marché mondial.
Toute cette politique a ainsi permis d’augmenter significativement la part de l’électrique dans les ventes de voitures neuves. En comparaison, l’Europe joue encore dans la cour des petits. Les modèles électriques ne représentent que 2 % des ventes de véhicules neufs en Allemagne, en France et au Royaume-Uni. Seule la Norvège fait exception, avec 46 %. Pour accélérer la cadence, l’ONG Transport et Environnement préconise un effort supplémentaire dans le déploiement des infrastructures de recharge.
Les évolutions réglementaires européennes, et notamment le durcissement dès 2020 du seuil d’émissions de CO2, devrait par ailleurs favoriser les ventes de véhicules à faibles émissions. Une aide implicite des politiques publiques au développement de la voiture électrique, qui contribue moins au réchauffement climatique et à la pollution de l’air que les moteurs thermiques fonctionnant à l’essence ou au diesel.
Elle n’est pas propre pour autant . Du processus de construction (qui entraîne une pollution sur le lieu de fabrication), à la production d’électricité (qui favorise potentiellement des sources d’énergie non-renouvelables), le véhicule électrique ne constitue qu’une alternative imparfaite, qui ne dispensera pas d’une remise en cause de la voiture individuelle et de ses usages.