Agriculture : une politique de moins en moins commune
La Commission a proposé d’allouer à l’agriculture 365 milliards d’euros courants, soit 28,5 % du budget de l’Union: un effort historiquement faible.
Agriculture : une politique de moins en moins commune
La Commission a proposé d’allouer à l’agriculture 365 milliards d’euros courants, soit 28,5 % du budget de l’Union: un effort historiquement faible.
Il y a tout juste un an, la Commission européenne présentait son projet de « cadre financier pluriannuel » pour les années 2021-2027. Autrement dit le budget de l’Union pour les sept prochaines années, sur lequel le nouveau Parlement va devoir se prononcer. Si ce dernier suit les préconisations de l’exécutif bruxellois, la PAC, la politique agricole commune, risque de n’avoir plus grand-chose de commun.
La Commission a proposé d’allouer à l’agriculture 365 milliards d’euros courants (pour 27 Etats membres), soit 28,5 % du budget de l’Union. Un effort historiquement faible. Pour la période précédente (2014-2020), la PAC avait reçu 403 milliards (pour 28 Etats membres), 36 % du total. Le Brexit n’est pas seul en cause dans la réduction proposée. A périmètre égal (l’UE à 27) et en euros constants (hors inflation), le budget agricole baisserait de 15 %, et même de 28 % pour l’enveloppe spécifiquement affectée à l’environnement et au développement rural [1]. Afin d’accroître à moyens constants les fonds de l’Union pour la lutte anti-immigration et la défense.
De plus, au nom de la « subsidiarité », les Etats auront une latitude beaucoup plus grande dans l’affectation des dépenses agricoles. L’Union continuera de définir des objectifs généraux en matière économique, sociale et environnementale, mais il sera plus facile aux Etats d’arbitrer contre l’environnement et l’emploi afin de défendre leurs positions respectives sur un marché unique dérégulé et très concurrentiel.
L’agriculture bio progresse peu, de 5 % de la surface cultivée en 2010 à 7 % en 2017. Et l’emploi continue de s’effondrer : 4,2 millions d’exploitations ont disparu de 2005 à 2016. Ce ne sont pas seulement les petites structures qui disparaissent (65 % des 10,5 millions de fermes font moins de 5 hectares) : au cours de ces dix années, les seules exploitations dont le nombre a augmenté sont celles de plus de 100 hectares, qui détiennent déjà 53 % de la surface agricole. Et si les aides de la PAC, qui bénéficient avant tout aux grandes exploitations parce qu’elles sont essentiellement assises sur le nombre d’hectares, servaient aussi à défendre une agriculture riche en emplois et pauvre en pesticides ?